Élection présidentielle du 07 octobre 2018 : La Mission d’Observation Electorale de l’Union Africaine a fait une déclaration préliminaire.
La Mission d’Observation Electorale de l’Union Africaine (MOEUA) a fait une déclaration préliminaire à l’hôtel Hilton de Yaoundé le mardi 09 octobre 2018.
La Mission d’Observation Electorale de l’Union Africaine (MOEUA) a fait une déclaration préliminaire le mardi 09 octobre 2018 à l’hôtel Hilton de Yaoundé, à l’intention de l’opinion nationale et internationale, face aux journalistes Camerounais et internationaux. Elle était conduite par l’ancien Premier Ministre Togolais, Artheme Kwesi S. Ahoomey Zunu. Cette Mission a été déployée conformément aux dispositions de la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance de 2007, entrée en vigueur en 2012, de la Déclaration de l’OUA/UA sur les principes régissant les élections démocratiques en Afrique de 2002, des Directives de l’Union Africaine pour les missions d’observation et de suivi des élections de 2001 ainsi que de la Constitution et des lois camerounaise. Elle comprenait 33 observateurs dont 11 de Long Terme, déployés depuis le 04 septembre 2018 auxquels se sont ajoutés 22 autres dits de Court Terme le 03 octobre 2018 ainsi que des Ambassadeurs accrédités auprès de l’Union Africaine, des responsables d’organes de gestion des élections et de membres d’organisations de la société civile africaine. Cette déclaration est dite « préliminaire » parce qu’elle est publiée avant le terme du processus électoral, notamment, le décompte des voix et l’annonce des résultats définitifs ; car une évaluation de l’ensemble du processus électoral ne peut pas être fournie à ce stade.
Forces et faiblesses
Tout en relevant le contexte sécuritaire caractérisé par les crimes perpétrés dans les Régions du Sud-Ouest, Nord-Ouest et de l’Extrême-Nord, qui a donné lieu à « d’importantes restrictions des libertés civiles et politique qui affectent négativement la participation des citoyens au processus électoral dans ces trois régions, » la Mission constate que l’élection présidentielle du 07 octobre 2018 s’est bien tenue. Toutefois, elle relève le rôle très envahissant et l’implication excessive de l’Exécutif dans le processus électoral. En effet, d’après la Mission d’Observation Electorale de l’Union Africaine, les décrets, arrêtés et circulaires jouent un rôle important dans la gestion des élections ( convocation du corps électoral, fixation de la date du scrutin et les heures d’ouverture et de fermeture des bureaux de vote, l’allocation du financement public de la campagne des candidats, la nominations des membres de la Direction Générale des Elections et du Conseil Electoral d’Election’s Cameroon (ELECAM) ainsi que celle des membres du Conseil Constitutionnel, la Cour d’appel et les tribunaux). Selon la MOEUA, la plupart des parties prenantes proposent une révision consensuelle du système électoral en tenant compte du contexte socio-politique ; que la télévision et la radio nationale avec Cameroon Tribune accordaient une couverture 3 fois plus importante au candidat de la majorité.
Le MOEUA remercie le peuple camerounais pour l’hospitalité dont il a fait montre, salue la coopération des autorités camerounaise et ELECAM pour avoir facilité le déploiement de la Mission ; note que l’élection présidentielle du 7 octobre 2018 au Cameroun s’est déroulée dans un contexte de défis opérationnels, sécuritaires et politiques ; déplore les violences intervenues dans certaines zones. Elle encourage toutes les parties prenantes à engager un dialogue politique inclusif afin de poursuivre les réformes politiques et électorales visant à renforcer la démocratie, la gouvernance et la stabilité politique.
RECOMMANDATIONS
Sur la base des constatations préliminaires, la MOEUA formule les recommandations ci-après :
1-A tous les acteurs politiques et électoraux :
-Engager un dialogue politique inclusif visant à promouvoir les réformes politiques, juridiques et électorales afin de consolider la démocratie, la gouvernance, la paix et la stabilité ;
2-Au Parlement :
-Envisager de renforcer le cadre juridique des élections à travers :
- a) Le renforcement d’ELECAM en tant qu’organe indépendant de gestion des élections en reformant son mode de nomination et son mandat qui devraient inclure, entre autres, l’accréditation des observateurs d’élections et la gestion et l’annonce des résultats provisoires ;
- b) La réduction de l’âge minimum de vote de 20 à 18 ans, se basant sur le principe du suffrage universel, afin de promouvoir la participation des jeunes au processus électoral ;
c)L’adoption d’un système de bulletin unique à l’opposé d’un système de scrutin à bulletins multiples, afin de minimiser les coûts et l’administration des élections ;
- d) L’élaboration des procédures dans le cadre juridique, dans les cas de désistement de candidats à l’élection, y compris le délai et l’exercice du droit de vote des personnes déplacées internes.
3-A ELECAM :
-Envisager la révision du processus d’inscription des électeurs afin de garantir la délivrance immédiate des cartes d’électeur ;
-Envisager l’institutionnalisation d’un forum consultatif permanent pour une interaction durable avec les partis politiques et autres parties prenantes afin d’assurer une participation inclusive tout au long du cycle électoral ;
-Réviser les procédures de désignation, de formation et de déploiement du personnel des bureaux de vote pour s’assurer que le processus est entièrement sous le contrôle direct d’ELECAM.
Léonard Fandja